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Faire face au malheur, quel défi!

Au lever du jour

par André Jacob

Travailleur social et sociologue, professeur retraité de l'École de travail social de l'Université du Québec à Montréal. Tout au long de ma carrière universitaire, j'ai mené une carrière artistique, tout particulièrement en arts visuels.

22 juin 2021

Quand le malheur frappe par la maladie, un accident ou un autre revers de la vie, nous nous sentons démunis et faibles comme Job dans la Bible. Notre premier réflexe consiste à nous replier sur nous-mêmes et à pleurer sur notre incapacité à envisager le soulagement et la lumière au bout du tunnel. La deuxième solution est aussi pire, sinon plus, nous amène à cherche une consolation dans la consommation abusive (alcool, drogue, jeu, sports extrêmes, vitesse folle, etc.). Ceci dit, il faut chercher un sens à tous nos malheurs. Comme le dit Simone Weil, « il est impossible de connaître le malheur sans l’avoir traversé.[1]» De fait, tout à fait, naturellement, tout notre être répugne au malheur et/ou la douleur, car ce sont des contraintes au bien-être que chacun.e de nous recherchons dans notre corps, notre esprit, nos sens, notre sensibilité, nos émotions et, bien sûr, notre raison.

À l’opposé, l’expérience quotidienne de la survie (observable partout dans la nature) nous enseigne la capacité à trouver des solutions. Se nier soi-même n’apporte rien au bien-être. Pour dépasser le malheur, notre instinct nous dicte de nous regarder dans le miroir et de chercher les dimensions positives de notre vie, sans chercher à faire porter notre malheur sur d’autres personnes, sur les circonstances de la vie, sur les expériences vécues dans le passé ou bien sur le fait qu’il s’agit d’une injustice.  S’enfermer dans la souffrance intérieure ne peut conduire qu’au cul-de-sac de l’enfermement sur soi.

La sortie vers la lumière se vit dans la recherche de la beauté du monde et l’écoute des personnes signifiantes qui nous entourent.

La nature nous fait voir la beauté du monde : Que c’est beau la vie! ainsi chantait Jean Ferrat. Il suffit de prendre le temps de sortir de soi et de l’observer. Elle est riche d’enseignement. Pensons à la renaissance de tout ce qui vit dans l’environnement chaque printemps. La nature paraît morte et tout à coup, aux premiers signes de lumière, apparaissent de nouvelles feuilles sur les arbres, des fleurs sauvages dans les bois, des animaux qui montrent leur progéniture, des fleurs sur les plantes et dans les arbres qui vont donner leurs fruits l’automne venu et ainsi se manifeste le cycle de la vie. À nous d’apprendre à chercher le printemps dans notre vie.

L’art principal de la retrouvaille de soi se trouve dans l’amour, l’amitié et la solidarité. La conjugaison de ces trois forces se trouve au fond de soi quand on cherche à sortir de ce qui nous semble un malheur pire que celui de tous les êtres vivants de la terre réunis. Parfois, ces sources de vie se font peut-être discrètes ou difficiles à découvrir, mais des sentiers, même tortueux, permettent toujours de trouver la source intérieure à laquelle s’abreuver. Notre force intérieure existe, à chacun de la chercher et de la découvrir. Il y a toujours une lumière qui veille quelque part, comme à chaque lever de soleil. Comme le chantait Jacques Brel : Il nous faut regarder.

Ceci dit, j’entends déjà des voix reprendre en écho quelque chose qui peut ressembler à ceci : bah! Des idées comme ça, c’est quétaine… Ce sont des enfantillages…  Quand j’ai un problème, ce n’est pas la nature qui les règle… Alors, c’est le temps de te regarder dans in miroir et de te demander si tu cherches la beauté, la lumière ou l’ombre. Des questions naissent instinctivement :

  • Aujourd’hui, ai-je cherché la beauté en moi et autour de moi?
  • Après une journée remplie d’angoisse, qu’ai-je fait pour tenter de me sortir de mon problème? Ai-je téléphoné à quelqu’un (un parent, un.e ami.e., un organisme, que sais-je) pour demander de l’aide avec humilité?
  • Suis-je sorti.e marcher pendant un bon moment pour observer ce qu’il y a de beau (des gens, des lieux, la nature, etc.) autour de moi?
  • Aujourd’hui, ai-je cherché mes forces intérieures?

La solution n’apparaît peut-être pas au premier jour comme par magie, mais l’effort fourni conduit souvent à un demain peut-être plus radieux…

Les changements importants se font souvent à petits pas.

Ainsi vont les jours… et la vie.


[1] Weil,  Simone (1999).  Simone Weil, Œuvres. Paris, Gallimard, p. 707.

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