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Quelques contradictions du parti conservateur du Québec

par André Jacob

Travailleur social et sociologue, professeur retraité de l'École de travail social de l'Université du Québec à Montréal. Tout au long de ma carrière universitaire, j'ai mené une carrière artistique, tout particulièrement en arts visuels.

1 septembre 2022

Quelques contradictions du Parti conservateur du Québec, article paru dans le journal Le Devoir du 1er septembre 2022.

Éric Duhaime répète sur tous les tons que l’échafaudage de ses propositions part du principe créateur de son parti, soit la liberté des individus érigée en principe qui permettrait « de vivre dans une société prospère et de faire des choix qui permettent à chacun de s’accomplir. » Le problème est que ses réflexions conduisent plutôt aux inégalités sociales et économiques. En réalité, la liberté à laquelle il réfère ne peut être que celle des gens qui ont les ressources financières pour être en mesure de vivre dans une société de plus en plus « libertarienne » et inégalitaire.

Pour bien comprendre ses contradictions, il faut lire entre les lignes. En lançant sa campagne électorale, il propose d’abord de baisser les impôts d’environ 2000 $ pour un travailleur qui gagne 80 000 $. Ces baisses d’impôts cachent mal le fait qu’il veut réduire les services publics et couper dans la fonction publique. Les moins fortunés de la société, tout particulièrement les personnes âgées qui n’ont pas pu accumuler des REER ni un fonds de pension et qui paient peu d’impôts, ne font pas partie de l’équation. Au contraire, dans une société « libertarienne » où le secteur privé exigerait des frais pour ses services, une bonne partie de la population ne pourrait pas « s’accomplir », car les pratiques « libertariennes » contribueraient à élargir le gouffre entre riches et pauvres. De fait, beaucoup de travailleurs et de travailleuses se trouvent dans des entreprises où il n’y a pas de programmes d’assurances collectives pour contribuer aux frais des services privés.

En proposant plus de contribution du secteur privé, le PCQ invite les gens à s’épanouir en payant plus pour différents services, même s’ils n’en ont pas les moyens. Les seules personnes qui peuvent envoyer leurs enfants dans une école privée et se payer des soins de santé privés doivent avoir de bons revenus et bénéficier d’une assurance collective. Ça s’appelle la liberté réservée aux riches. Pourtant, la qualité de la santé et le bon niveau d’éducation de tout un peuple constituent la base de la richesse fondamentale d’un peuple.

Autre contradiction éloquente : baisser les taxes sur l’essence pour faire face au coût de la vie. Une telle proposition ne ferait que contribuer à l’augmentation de l’utilisation des véhicules en donnant l’illusion au citoyen qu’il est plus libre de polluer sans nécessairement diminuer ses dépenses de consommation. Dans la même veine, s’ajoute une autre proposition fondamentale du PCQ : permettre l’exploration des hydrocarbures. Les deux propositions révèlent le vrai message d’Éric Duhaime. Il dit clairement : je ne crois pas au réchauffement climatique et je ne ferai rien pour le combattre ; au contraire, je vais favoriser l’augmentation de l’exploitation et de l’utilisation des énergies fossiles.

En un mot, le PCQ est prisonnier de sa logique libertarienne et il doit se contenter de formuler quelques propositions résumées en des formules tragiques, simplistes, alléchantes à première vue et surtout cyniques : avancez vers l’arrière ! Aux plus forts la poche ! Et mieux dit : appliquons les principes du néolibéralisme économique au maximum… et nous verrons les dégâts plus tard quand les programmes sociaux auront disparu parce que les riches auront payé moins d’impôts. Le PCQ fait danser en rond pour étourdir et empêcher de voir plus loin qu’une vague promesse de liberté.

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