L’OTAN comme acteur principal.
Dans une leçon de propagande 101 offerte par l’éditorialiste du Devoir du 11 mars dernier, la journaliste Marie Vastel fait état de la condition des forces armées canadiennes en utilisant une approche alarmiste au titre accrocheur : « L’armée canadienne, une armée en lambeaux ». En fait, son texte répercute tout simplement les demandes répétées des dirigeants des forces armées canadiennes, mais surtout des bonzes de l’OTAN qui chantent sur tous les tons que chaque pays membre de cette organisation guerrière accorde au moins 2 % de son produit intérieur brut (PIB) à son budget d’armements. Madame Vastel renforce son propos pro-OTAN en répétant l’assertion d’un de ses dirigeants : « Nous allons avoir besoin de plus », a laissé tomber sans grande surprise Angus Lapsley, un sous-secrétaire général de l’OTAN, lors d’une conférence annuelle du milieu militaire à Ottawa la semaine dernière. » Ne discutons pas! Aux armes!
À cet appel à un développement accéléré de l’arsenal militaire canadien, on pourrait ajouter les pressions des lobbyistes des fabricants d’armes toujours à la recherche de politiciens ou de politiciennes favorables à leur recherche des juteux contrats de l’État.
Pour justifier de telles demandes, la propagande guerrière utilise toujours le même procédé : l’ennemi serait à nos portes et nous menacerait, d’où l’urgence de préparer le pays à résister aux menaces par les armes. Refrain usé. En mettant de l’avant la menace d’un agresseur éventuel, on vise à obtenir l’assentiment de l’opinion publique à la nécessité de l’augmentation de la puissance militaire et, dans la même foulée, à la guerre. Évidemment, on ne propose pas un débat de société sur la politique militariste. Madame Vastel reprend la mélopée de la menace, argument typique de la propagande : « L’imprévisibilité du président russe, Vladimir Poutine, exacerbée par sa connivence avec Donald Trump, qui brigue de nouveau la présidence américaine, ne permet plus la même complaisance. Le Canada n’a plus à s’inquiéter seulement de rassurer ses alliés. Au-delà de l’atteinte d’une cible diplomatique et symbolique d’investissements, il y va de la souveraineté territoriale bien réelle du Canada. »
L’invasion de l’Ukraine par la Russie offre le prétexte tout désigné pour cultiver la peur par l’évocation d’une menace extrême, émotion qui permet de contourner facilement une analyse rigoureuse de la situation; en outre, en utilisant le discours seriné par l’OTAN, présenté en sourdine comme le grand ami crédible sur tous les plans, on cherche à donner encore plus de poids à un argument fondé sur la menace : si la Russie a envahi l’Ukraine, elle pourrait aussi envahir n’importe quel autre pays. Sous quels motifs? Quel serait son intérêt à le faire? On n’explicite jamais cette assertion puisqu’on ne peut pas justifier ce scénario catastrophique. Il suffit de dire que la Russie constitue une menace. À l’inverse, on omet toujours, par exemple, de mentionner que l’OTAN a été un acteur politique et militaire important en Ukraine bien avant cette invasion; à titre d’exemples, des contingents de militaires canadiens étaient déployés en Ukraine pour former des militaires ukrainiens; le soutien des États-Unis à l’Ukraine depuis les années 90 a contribué à faire monter la pression contre la Russie, etc. En fait, l’OTAN vise le maintien d’une « guerre froide » contre la Russie depuis fort longtemps et exige toujours plus d’armes pour montrer sa puissance.
L’augmentation des budgets militaires devrait faire l’objet de débats en profondeur. Il ne s’agit pas seulement de pourcentage du budget consacré à l’armement, mais bien des motifs de la stratégie de toujours plus d’armes pour protéger les intérêts européens et américains. Une question se pose : est-ce que l’incommensurable force de frappe des États-Unis et de leur gigantesque réseau de centaines de bases militaires sur toutes les régions de la planète garantit plus de sécurité et de paix? Est-ce qu’un Canada plus militarisé sera plus sécurisé? Poser la question, c’est y répondre. Depuis la dernière guerre mondiale (1939-1945), dans différentes régions du monde, les conflits armés impliquant les États-Unis à l’avant-garde, les conflits armés extrêmement destructeurs et déstabilisants n’ont jamais abouti à solidifier les fondements de la démocratie et de la liberté. Les exemples ne manquent pas : Vietnam, Syrie, Afghanistan, etc. En d’autres termes, les arguments de la propagande guerrière de l’OTAN reprise constamment dans les médias ne visent pas le maintien de la paix, mais bien à développer plus de forces militaires en mesure de détruire de plus en plus un peu partout sur la planète. Peut-on entendre les dirigeants et ceux des pays occidentaux promouvoir des stratégies de médiation et de négociation et encore moins demander un ralentissement de la course aux armements. Jamais. Au contraire, on cherche à renforcer de plus en plus les arsenaux au nom de la sécurité et de la paix. Sophisme magistral que tout cela.
La duplicité du Canada dans sa propagande pro-Israël.
Depuis l’assaut de djihadistes contre des citoyens en Israël le 7 octobre 2023, le gouvernement canadien a répété sans cesse le mantra: Israël a le droit de se défendre. C’est le principe utilisé pour justifier son appui indéfectible à la politique belliciste du gouvernement israélien. Le motif principal, se défendre contre le Hamas, organisation jugée terroriste; l’utilisation ad nauseam de ce mot suffit pour amplifier la dangerosité de l’ennemi et servir de socle à la propagande guerrière. Rien de nouveau.
Bien avant le 7 octobre, le gouvernement canadien facilitait la vente d’armes à Israël. Pourtant, dernièrement, venu de nulle part, le gouvernement canadien a fait couler l’information à l’effet qu’il retarde maintenant l’envoi de véhicules blindés à Israël. Tous les médias de communication ont transmis le message sans trop chercher à en expliciter la signification. Le prétexte serait qu’on ne veut pas que ces véhicules soient utilisés à des fins létales. Quelle hypocrisie! On sait que les entreprises canadiennes vendent des armes à Israël depuis longtemps et elles ne servent pas de décorations, mais bien d’armes offensives et défensives. En d’autres termes, par ses armes, depuis les premières attaques israéliennes à Gaza, le Canada participe à cette guerre. Aujourd’hui, devant la révolte populaire internationale contre l’ignominie de la guerre américano-israélienne (les États-Unis appliquent toujours leur droit de veto pour demander que cesse cette boucherie) disproportionnée à Gaza, le gouvernement canadien tente de montrer patte blanche, mais il continue d’évoquer la menace terroriste du Hamas pour appuyer Israël.
Pourquoi s’agit-il d’une stratégie de propagande? Premièrement, cette manœuvre de communication de masse en est une de diversion; illustration parfaite d’une stratégie de propagande parce que l’on vise à mettre le voile sur le fait que le gouvernement canadien maintient toujours son soutien à Israël en raison de la dangerosité de l’ennemi, le Hamas; en ce sens, ainsi on justifie l’utilisation d’une violence destructrice démesurée et funeste contre les Palestiniens et Palestiniennes prisonniers d’un minuscule territoire. Dans les discours officiels et des démarches à l’air diplomatique, on dit demander un cessez-le-feu, mais sans grand moyen de pression. Ainsi, alors que l’on applique de nouvelles sanctions économiques contre la Russie, on n’en fait absolument rien en Israël. Deux poids, deux mesures.
Deuxièmement, on évite ainsi de parler de la barbarie de cette guerre menée avec des armes sophistiquées en grand nombre contre des combattants du Hamas somme toute pas équipé pour affronter une puissance militaire armée par les pays occidentaux, les États-Unis en tête, suivis du Canada et des pays européens. Depuis octobre 2023, Israël poursuit la destruction de Gaza avec une telle impunité que ce drame contemporain est devenu le symbole d’une violation constante de la dignité humaine et des droits fondamentaux des Gazaouis. Bien sûr, du bout des lèvres, le gouvernement canadien dit s’associer à la demande mondiale d’un cessez-le-feu, mais sans grande combativité. On baisse aussi le rideau sur les violentes pratiques de colonisation d’Israël : violence et assassinat de paysans palestiniens, appropriation du territoire, arrestations arbitraires, etc.
Les opérations de propagande sont constantes et efficaces, mais les gens ne sont pas dupes. Il est possible de décortiquer la duplicité des vraies manœuvres du gouvernement canadien, commerçant d’armes comme les autres pays occidentaux qui endossent les perspectives colonialistes en fonction de leurs intérêts stratégiques sur le plan politique, économique et commercial.
Alors que les médias dominants reprennent sans cesse les arguments de la propagande proguerre, les organisations pacifistes et citoyennes trouvent rarement une écoute attentive dans les mêmes canaux. Autre débat.
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