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À 80 ans, je regarde l’avenir.

par André Jacob

Travailleur social et sociologue, professeur retraité de l'École de travail social de l'Université du Québec à Montréal. Tout au long de ma carrière universitaire, j'ai mené une carrière artistique, tout particulièrement en arts visuels.

9 septembre 2022

J’atteins les 80 automnes. Et, j’ai un grand défaut : je suis un intellectuel issu du travail social doublé d’un aidant-naturel encore en mesure de payer des impôts, des taxes et quelques services. En outre, je vis dans mon domicile.

Je vis dans un environnement multigénérationnel de 12 logements avec des gens entre 2 et 87 ans qui observent la scène électorale avec un regard inquiet, parfois critique, d’autres dans l’indifférence totale ou un cynisme assumé à la lumière de l’accumulation des promesses turlutées sur tous les tons. Quoiqu’il en soit, mon environnement est agréable et stimulant en raison de sa diversité intergénérationnelle.

Mon baluchon est rempli d’anecdotes et d’expériences de campagnes électorales, y compris celles de mon adolescence au collège, durant l’époque glorieuse de Maurice Duplessis dans les années 50. Je radote et j’ose dire que les vieilles méthodes d’achats de vote ont changé quant à la forme, mais pas sur le principe; les promesses à coups de milliards de dollars remplacent les petits ponts sur les fossés dans les rangs des campagnes. L’effet recherché est le même : ramasser des votes pour le parti qui offre le plus.

On nous fait miroiter qu’en payant moins d’impôts nous aurons de meilleurs services publics de santé et d’éducation avec, en prime, plus d’argent dans nos poches. Quelle belle patente! Peut-être parce que je suis vieux (pardon, aîné), mais je peine à concevoir la quadrature du cercle. Il ne faut pas penser seulement à la poche des individus, mais au devenir de la société. La vraie richesse est plus collective qu’individuelle, car elle repose sur la qualité des services publics gratuits et accessibles qui permettent aux citoyens et citoyennes de ne pas se tracasser et d’être en forme pour travailler et contribuer sainement à la vie sociale et économique. Mais ça, c’est comme un secret bien gardé.

Quoiqu’il en soit des paradis dorés promis, je préfère vieillir chez moi, près de mes proches, quitte à attendre des services à domicile adéquats et complets que j’espère voir avant la la fin de mes jours. Mais il faut voir plus loin; un système d’assurances complets pour les soins dentaires et les médicaments s’imposent aussi. Et que dire des services de garde absolument nécessaires pour permettre aux jeunes familles de continuer leur travail, leur réalisation et leur contribution à l’économie. Vive les CPE libres!

Le gouvernement peut-il sérieusement seriner continuons à oublier tous les projets structurants sur le plan des services de soutien aux vieux et vieilles dont nous avons si grandement besoin. J’attends plus que de belles « maisons des aîné.e.s » en béton tout frais, nous avons besoin de services à domicile.

Mon regard de vieil intellectuel se porte vers l’avenir, surtout celui des jeunes familles et des enfants. Quand je ne serai plus en mesure de réfléchir pour mettre le premier ministre mal à l’aise, vivront-ils dans un monde de plus en plus livré à la concurrence et à la compétition? Un monde devenu invivable, car la pollution atmosphérique et les changements climatiques créeront des conditions de vie complexes et difficiles à gérer? Un monde de plus en plus inégalitaire où une minorité va continuer à faire croître des fortunes et à s’approprier le sol, les eaux, l’air et même l’espace au détriment de la qualité de vie de l’ensemble de la population? Un monde dangereux parce que soumis à la loi implacable de la concurrence au sein d’un système libertarien inspiré du capitalisme sauvage? Un monde dans lequel obtenir des soins dentaires restera un luxe réservé aux riches? Un monde dans lequel les grandes sociétés transnationales pourront polluer sans vergogne et porter à atteinte à des populations entières dans leur intégrité physique par des émanations toxiques?

À mon âge, je n’ai plus envie de chanter continuons dans les ornières du passé avec des solutions surannées. Des changements majeurs et rapides s’imposent, notamment dans les services de santé et l’éducation et, bien sûr, dans la lutte à la détérioration du climat. Ouvrons la porte aux jeunes! Ne continuons pas à avoir peur du changement! La nouvelle génération de politicien.e.s sur la scène municipale nous donnent des exemples positifs de gens capables de chercher des solutions d’avenir. Place à l’audace! Disait le manifeste du Refus global en 1948.

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