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La CAQ est-elle inspirée par Maurice Duplessis?

par André Jacob

Travailleur social et sociologue, professeur retraité de l'École de travail social de l'Université du Québec à Montréal. Tout au long de ma carrière universitaire, j'ai mené une carrière artistique, tout particulièrement en arts visuels.

12 septembre 2025

Document paru à dans Le Devoir, 6 octobre 2025

https://www.ledevoir.com/opinion/libre-opinion/922713/libre-opinion-caq-est-elle-inspiree-maurice-duplessis

Dans son discours inaugural de dernière session parlementaire, le premier ministre du Québec a semblé chercher à reproduire la longévité de Maurice Duplessis en utilisant les mêmes vieilles recettes basées sur la construction d’ennemis de la nation et les références au passé sacré. Chez Duplessis, les « communistes » représentaient la menace suprême, un fourre-tout dans lequel il incluait les syndicats, des intellectuels et bien d’autres catégories de la population jugées dangereuses pour les valeurs religieuses québécoises. Aujourd’hui, le leitmotiv du premier ministre Legault pourrait être mâtiné du slogan : avançons vers l’arrière! Inventons des ennemis de la nation pour maquiller le vide d’idées prometteuses de changements orientés vers l’avenir. Les objets d’interventions urgentes ne manquent pas, notamment sur les changements climatiques.

Pour enfoncer davantage le Québec vers le passé, rien de mieux que de ressortir tous les outils de la propagande électoraliste : invention d’ennemis menaçant notre sécurité collective, nos intérêts et nos valeurs. Le nationalisme identitaire étriqué de la CAQ sert de socle autour duquel se greffe toutes les menaces inventées. Attachez vos tuques! La CAQ va faire peur au monde.

À entendre un tel discours, on a l’impression que l’insécurité règne partout. Fabulation. On généralise la menace. Il suffit de prononcer quelques mots bien choisis comme « islamistes radicaux » pour effaroucher le bon peuple. Les rumeurs, les anecdotes et les préjugés feront le reste du travail pour ancrer les idées passéistes dans les esprits. Pendant ce temps, on passe sous silence des pistes de solutions à des enjeux cruciaux comme la crise du logement et l’augmentation honteuse du coût des loyers, les mesures de lutte à la pauvreté, les politiques de lutte aux changements climatiques, la lutte contre le racisme et la xénophobie, la lutte contre la violence faite aux femmes, le développement des infrastructures, la mobilité urbaine et j’en passe. Et j’allais oublier le fumant 3e lien…

Nous sommes les témoins incrédules de manœuvres de propagande simpliste : le « chef », pour avoir l’air d’un surhomme fort soit se définir comme défenseur de la nation face aux ennemis qui la menacent de toute part. Propagande 101. Comme le souligne David Colon dans son livre (2019), « Propagande : la manipulation de masse dans le monde contemporain » : « notre cause a un caractère sacré. » La propagande, estime Colon, correspond à l’infantilisation des gens pour permettre à l’individu premier ministre de se présenter comme « père » protecteur de la nation; « la propagande transforme la masse en une personnalité inconsciente sujette à la contagion des sentiments et des idées et prompte à les transformer en actes. » On peut constater l’action de la propagande tous les jours, et l’exemple vient de loin, notamment de la Maison-Blanche…

En résumé, la turlutaine caquiste s’avère une stratégie claire fondée sur la peur de la menace : les demandeurs d’asile et les immigrant.e.s tout comme les syndicats restent toujours des cibles présentées comme empêcheurs de tourner en rond. En répétant à chaque jour que le Québec a dépassé ses capacités d’intégration des demandeurs d’asile et des immigrant.e.s il joue la carte de la peur infantile des étrangers. Cela dit, cette affirmation est démentie par nombre d’experts des enjeux de l’immigration. Un dossier du Devoir (1er octobre) signé Zacharie Goudreault, montre que la soi-disant menace immigrant dans les services, notamment dans les écoles, est surfaite et inexacte.

Malgré la désinformation au sujet des menaces diverses évoquées par la CAQ, la propagande semble une recette gagnante aux yeux du premier ministre pour tenter de reprendre le contrôle du narratif du discours politique face à l’opinion publique déboussolée par les discours dominants de la droite politique. L’abus d’une telle propagande ressemble à nos routes faites de nids-de-poule. Difficile d’avancer sans regarder plus loin que son nez.

Maurice Duplessis, premier ministre du Québec dans les années 40 et 50.

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