Mon article publié dans Le Devoir du 2 août 2024.
Dans Le Devoir du 30 juillet dernier, la professeure Camille Marquis-Bissonnette rappelait que, le 19 juillet précédent, la Cour internationale de justice (CIJ) avait déterminé qu’Israël violait ses obligations internationales sous plusieurs aspects par ses pratiques de colonisation, d’occupation et d’annexion du territoire palestinien dans l’illégalité. Des stratégies maintenues en vertu d’une politique d’apartheid, en toute impunité.
La professeure rappelait aussi, fort judicieusement, que les autres États « ont l’obligation de coopérer pour mettre fin aux violations du droit à l’autodétermination du peuple palestinien ». Qu’en est-il ? Silence de la part des pays occidentaux et dans les médias.
Silence aussi sur le plan de la réalisation des Jeux olympiques en cours. La présence remarquée de la délégation israélienne aux Jeux de Paris illustre parfaitement la politique des pays occidentaux qui tirent les ficelles des coulisses du Comité international olympique. Ils imposent leur politique de deux poids deux mesures selon leurs propres intérêts stratégiques. Ainsi, alors qu’on trouve le moindre prétexte pour condamner la Russie en raison de la guerre en Ukraine et lui interdire d’envoyer une délégation olympique en arguant d’un dopage bien antérieur à la situation actuelle, on déroule le tapis rouge à la délégation israélienne.
Le motif principal évoqué pour l’exclusion de la Russie est l’invasion du territoire ukrainien, alors que les exactions d’Israël en Palestine depuis des décennies ne font l’objet d’aucune sanction. Au contraire, comme le souligne la professeure Marquis-Bissonnette, les pays occidentaux — États-Unis en tête — feignent de ne pas connaître les « conséquences juridiques des politiques et des pratiques d’Israël sur le territoire palestinien occupé ».
Silence aussi sur le fait que, pendant que les victimes palestiniennes affligées par les attaques israéliennes incessantes meurent par dizaines chaque jour, Benjamin Nétanyahou se voyait félicité pour ses actions par une ovation debout du Congrès américain : déni spectaculaire et étouffement gênant des misères du peuple palestinien. Devant une telle expression bruyante et insultante d’appui à la force brute utilisée par le gouvernement israélien, qui croit encore aux déclarations ronflantes des pays occidentaux sur les vertus de la guerre israélienne menée sans merci.
Complicité du silence.
Le sort tragique des Palestiniens semble se jouer dans l’ombre et dans l’ignorance crasse ou camouflée des condamnations explicites et rigoureuses de la Cour internationale de justice. En ce sens, Nesrine Malik estime que la guerre israélienne « est non seulement tolérée comme une nécessité regrettable, mais considérée comme quelque chose pour laquelle un soutien inconditionnel se poursuivra sans limites, sans lignes rouges et sans discrétion tactique. » (Other News, 29 juillet 2024).
La stratégie implacable de la normalisation de la guerre israélienne protégée par l’hypocrisie des pays occidentaux entraîne le monde dans l’indifférence face aux actions destructrices les plus abjectes. Les peuples soumis aux feux meurtriers n’ont même plus la force de crier à l’aide… De toute manière, personne ne veut les entendre.
Le visage hypocrite dit neutre des Jeux olympiques présente aussi une illustration flagrante, bien qu’implicite, de la reconnaissance de la guerre israélienne. Les forces dominantes de l’Occident ont décidé qu’Israël mérite une présence aux Jeux olympiques; il s’agit là d’une médaille d’or décernée par les tenants du bien contre le mal, peu importe les multiples condamnations internationales, en particulier celles de la Cour internationale de justice.
Le peuple palestinien peut mourir en hurlant sa colère et son indignation, les pouvoirs incommensurables des armées font tonner les canons pour couvrir ses cris de désespoir. Le monde vit sous l’emprise du silence imposé par l’empire du bien dans un ordre mondial défini par l’Occident belliciste.
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