La flamme olympique brûle entre les gens qui se réfèrent aux principes de l’olympisme, soit la neutralité et l’ouverture à tous et toutes les athlètes du monde entier et ceux et celles qui prétendent que l’interdiction à l’égard des athlètes russes doit traduire la solidarité avec l’Ukraine. Matière à débat. Les principes du Comité internationale olympique (CIO) sont. Clairs : l’organisme est apolitique.
Sur le plan de l’actualité, il est vrai que cette sale guerre provoquée d’une manière inexcusable par la Russie sous la gouverne de Poutine peut permettre d’affirmer rapidement qu’il faut les exclure des jeux. Mais la question n’est pas si simple qu’elle paraît. Il faut dépasser une sorte de pensée unique à l’égard du peuple russe et poser d’autres questions : est-ce que l’exclusion va vraiment faire avancer la cause de l’Ukraine? Est-ce qu’une telle exclusion n’enverrait-elle pas un message qui va à l’encontre d’une recherche minimale de la paix? Exclure n’entraînera-t-il pas le CIO dans l’engrenage d’une prise de position à courte vue?
Pourquoi ces questions? Parce qu’elles valent pour les athlètes d’autres pays. Devrait-on exclure les athlètes de l’Arabie saoudite parce que ce pays mène une guerre terrible au Yemen? Exclure les athlètes israéliens parce que leur pays occupe la Palestine et établit des colonies dans des territoires usurpés? Exclure les Iraniens et les Iraniennes parce que le gouvernement martyrise son peuple? Et je passe sous silence les autres guerres en cours dans le monde. En outre, on pourrait poser la question suivante : est-ce que le CIO aurait dû exclure les athlètes américains dans le passé parce que leur pays a déjà envahi Panama, le Vietnam, l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, la Syrie et j’en passe?
En résumé, si le CIO entre dans la dynamique d’évaluation de la pertinence politique d’exclure ou pas des athlètes d’un pays ou l’autre, il devrait mettre en place un tribunal spécial pour évaluer la pertinence et la nécessité d’exclure ou pas les athlètes de nombreux pays. Il s’agit bel et bien d’évaluer l’incongruité entre l’idéal olympique et de telle ou telle exclusion pour des motifs politiques. En soi, la problématique est complexe parce que l’athlète n’est pas responsable des orientations et des pratiques de son gouvernement.
Le CIO devrait promouvoir un idéal de paix et de coopération et rester neutre. Dans les sports professionnels, on permet aux athlètes russes de poursuivre leur carrière sans questionner la pertinence de le faire. Mais la CIO doit s’élever au-dessus de la mêlée et des diktats de la propagande antirusse à l’ordre du jour. Sinon, on l’accusera d’endosser les positions mises de l’avant par l’OTAN… Ce n’est pas ce que l’on souhaite pour l’avenir de l’olympisme et pour la contribution du CIO au développement d’une culture de la paix dans les sports.
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