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Soif d’anglais dès le berceau.

par André Jacob

Travailleur social et sociologue, professeur retraité de l'École de travail social de l'Université du Québec à Montréal. Tout au long de ma carrière universitaire, j'ai mené une carrière artistique, tout particulièrement en arts visuels.

15 octobre 2021

Observation un peu saugrenue qui n’a rien de scientifique: chez ma coiffeuse, j’ai prêté attention aux prénoms de ses enfants: Jake, Thimoty et Deborah. Question? Pourquoi leur avez-vous attribué des prénoms à consonance anglaise? « Parce que je veux que mes enfants deviennent bilingues et qu’ils fassent leurs études en anglais ». AH! Et pourquoi? « Parce qu’ils pourront avoir une bonne job et aller travailler n’importe où. » Un peu surpris, je me suis surpris à observer et à questionner et j’ai noté plusieurs prénoms anglais chez les enfants. Sans doute mode du temps!

Et moi qui suis assez vieux pour avoir traversé plusieurs générations, je me suis embourbé dans mes pourquoi pourquoi pourquoi pourquoi. Et Les réponses varient: mon enfant DOIT devenir bilingue… avec prénoms de vedettes, de héros de séries qui captivent les enfants, de sportifs, etc. mais il faut que ça sonne anglais, car l’enfant se sentira mieux dans sa peau dans un milieu anglophone, me dit une mère le plus sérieusement du monde. WOW! Misère! Ça ne s’invente pas, ça se vit aujourd’hui…

Dans le cadre du débat sur l’accès au CEGEP en anglais et l’attrait de l’anglais chez les jeunes familles, le français a bien besoin d’une forte dose de valorisation. Deux doses seraient sûrement nécessaires. À suivre… sans passeport vaccinal.

Quant aux réflexes de colonisés, je constate qu’ils restent toujours bien vivants.

Étant polyglotte, je suis un peu sidéré de ces réponses, car je n’ai jamais fait d’études dans un contexte d’immersion à long terme. Il est possible d’apprendre une langue et de devenir bilingue et plus encore sans faire d’études dans une autre langue. Évidemment, ça aide grandement…

Sans vantardise, je lance une question: comment en suis-je arrivé à apprendre, à parler, à lire et à écrire plus d’une langue (anglais, espagnol, italien, portugais) et, sans bien maîtriser ces langues (arabe, allemand, russe), j’ai quand même des cours pour en avoir quelques notions? En suivant des cours et en lisant, mais il me faudrait plusieurs pages pour tout expliquer… C’est en étudiant d’autres langues que j’ai compris encore davantage la valeur, la précision, la sonorité et grande forte d’expression de ma langue maternelle.

En conclusion, la confusion est profonde entre bilinguisme et anglicisation. Je suis un peu pessimiste. Dans un contexte où le passage à l’anglais semble un souhait répandu, le français va finir par ressembler à celui des Franco-américains et de plusieurs francophones en dehors du Québec qui ont fini par s’assimiler rapidement et… à disparaître dans l’univers anglo-saxon.

Tant que l’État ne prendra pas les GRANDS moyens pour mettre en valeur le français comme langue d’usage et de travail. Il faut un GRAND coup de pied dans la fourmilière de l’insouciance, de l’indifférence et de la soumission aux pressions de l’anglais, mais surtout dans les règles du jeu actuel.

« C’est une langue belle… » chante Cabrel.

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2 Commentaires

  1. Ysabelle

    Il faut lui bâtir une belle réputation à la langue française, lui octroyer un charme qui la rende irrésistible, la porter comme on porterait une robe somptueuse. Un anglophone m’a dit un jour qu’il la trouvait sexy cette langue qui n’est pas celle des affaires.

  2. Ysabelle

    Mmm ceci me semble bien intéressant. Quel plaisir de connaître et partager ce que tu as à dire.